37
10 h. du matin. Ciel bas. Entre baraque et motor-home, Lu finit pensivement son café. Il s’est accoudé à la table. Le transistor diffuse en sourdine un air de là-bas.
C’est Marie-Claude qui a émergé la première, Momo sur ses talons, à s’étirer et à bâiller, empli de son assurance ridicule de coq.
- Inutile que je demande si vous avez assez dormi ! Je vous réchauffe du café ?
- Je peux t’accompagner pour t’aider ?
- Ça ne me dérange pas, ma poulette… Tu sais où sont les fruits, la confiture, etc.
- Lu, je voulais te dire, ça m’a fait tout drôle sans toi !
- C’était pas bien, juste Momo et toi ?
- Oh si ! Ce que j’ai profité ! si tu savais… Il…
- Je ne veux pas savoir, je ne suis pas ta mère !
- Mais, écoute ! C’était un truc bizarre, je te jure. C’était lui et en même temps c’était toi ! Tu comprends ?
- Un fantasme : tu devrais connaître ça, ma cocotte !
- Oh, ne sois pas méchant, Lu ! je suis très sérieuse. C’est lui qui me baisait, mais c’était toi. Toi.
- Et après ! Tu auras réussi la même performance qu’hier, mais sans moi, voilà tout.
- Non, c’était beaucoup mieux qu’hier, justement ! comme si vous étiez deux dans le même, tu vois ?
- Alors de quoi tu te plains, ma beauté ?
- Mais de rien, Lu. Il me semble que j’aurais préféré que ce soit toi plutôt que lui, c’est tout.
- Tu es mignonne, toi ! Et tu voudrais peut-être qu’on réessaie en tête à tête pour comparer ? Il n’est pas dit que ça fonctionnera, ma belle !
- Je voudrais bien savoir. Tu promets ?
- Si tu y tiens vraiment…
- Pas aujourd’hui, d’accord ?
- Oh ça ! pas aujourd’hui. Allez, le café a bouilli, désolé ! Je prends les bols et les cuillères, tu te charges du reste ?
- Vous en avez mis du temps, tous les deux ! J’ai le droit de savoir ?
- Secrets de famille ! dit Marie-Claude.