13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 13:18

HENRY SCHLEY, peintre et sculpteur.

STARS AND STRIPES.

Petit lexique à l'usage de nos lecteurs bantous qui auraient négligé l'apprentissage de la langue anglaise :

Star, 1 Etoile. 2 Vedette.

Stripe. 1 Raie, zébrure. 2 (stripes) galons.

Aux mêmes lecteurs, et à quelques autres pour qui les problèmes de la langue ne sont pas la principale difficulté :

Le Stars and Stripes symbolise le drapeau des USA : Henry est citoyen américain. Les stars, nous verrons qu'elles parsèment son itinéraire. Quant aux galons, malgré son passage dans l'US Navy, c'est mon désespoir : pas de galons. Je suis obligé de me rabattre sur les zébrures, ce qui n'est d'ailleurs pas plus mal car c'est d'un zèbre chatoyant qu'il s'agit là.

Quand on m'a rapporté pour la première fois ses années d'étude auprès de ZADKINE, les verres partagés avec Samuel BECKETT, son amitié avec GIACOMETTI, je me suis retenu de dire que moi aussi j'avais été pote comme cochon avec FRA ANGELICO dans les années 1400. Comment croire que ce grand jeune homme désinvolte va fêter ses 70 ans cette année ?

1933 : Henry Spaulding SCHLEY, le 3ème du nom, naît à New York dans une de ces grandes familles bourgeoises qui, deux ans plus tard, seront bouleversées par l'enlèvement du fils de Charles LINDBERGH. C'est à cet événement qu'il devra d'avoir alors à ses côtés un immense danois, acheté pour le protéger. Souvenir mitigé (il se rappelle les vigoureux coups de queue qui lui cinglaient la tête) mais déterminant : à huit ans et demi, il dessinera de mémoire cet envahissant compagnon disparu, avec tant de réalisme que son professeur de dessin croira à une copie avant de convenir de ses précoces qualités. Suivront une première exposition et les premières ventes interrompues par Mme Mère, indignée qu'on puisse monnayer le talent de son fils. Début et fin d'une amorce de carrière artistique prometteuse.

1950 : Le jeune H.S.S., qui considère son milieu sans enthousiasme excessif, rêve d'un cruiser qui l'emmènerait naviguer le long du littoral méditerranéen français. L'aimable marine US ne lui fait pas miroiter de moindres perspectives et le voilà engagé pour quatre ans... en partance pour le conflit de Corée, finissant son périple à bord d'une barge de débarquement. Ces jeux guerriers et les feux d'artifice qu'on lui propose s'avèrent peu conformes aux visions de la Côte qui l'avaient motivé, et modérément à son goût, il en profitera néanmoins pour s'imprégner des arts coréen et japonais et gardera de cet épisode héroïcomique un attrait définitif pour les vadrouilles.

1954-57 : Etudes de design au Long Beach State College (Californie) couronnées par une exposition de peinture et de sculpture à laquelle sont associés élèves et professeurs confondus. Et quoi ? En décrochant le premier prix à la barbe de ses professeurs, il conclut, avec la délicieuse distance qui le caractérise déjà, qu'il est grand temps de les remercier et de repenser à cette bonne vieille Europe, et à la France pour commencer.

1958 : C'est enfin le débarquement pacifique du "Queen Elisabeth 1". Henry s'installe à Paris, dans un hôtel de la rue de l'Université. L'hôtel, la rue, la ville sont une ruche, une perpétuelle invitation à la curiosité et aux rencontres. Il a le privilège d'accéder aux cours de sculpture très sélectifs d'Ossip ZADKINE avec lequel il partage une égale passion pour la mythologie hellénique : un enseignement incomparable qu'il suivra jusqu'en 1961. Dans la même période il étudiera la gravure auprès de Johnny FRIEDLANDER et la peinture avec Yves BRAYER. De ce dernier, qui tenait atelier à la "Grande Chaumière", il ne conserve pas un souvenir impérissable, ce qui me console de toutes ses oeuvres, alors en vogue, dont mon regard d'adolescent s'est trouvé fréquemment encombré dans des demeures provinciales. Mais l'art est aussi au rendez-vous des salles et des terrasses de café et de restaurant. Il s'y assied souvent autour d'un verre en compagnie de Samuel BECKETT, devisant de tout et de rien (une photo de l'auteur irlandais veille aujourd'hui sur son sommeil ? dans sa chambre de Tabias) ; il hante Le Select et La Coupole où il lui arrive de dîner avec Alberto GIACOMETTI ("Je ne faisais pas partie du cercle le plus étroit de ses intimes") ; il y côtoie avec une même gourmandise célébrités et anonymes, et c'est pour moi une jubilation que de l'entendre relater tout un fourmillement d'anecdotes avec le filtre de son humour. Un numéro entier ne suffirait pas à en rendre l'écho, c'est la raison pour laquelle je le laisse s'échapper jusqu'en Italie où, en 1963, il parachève ses études de sculpture à l'Académie des beaux-arts de Florence.

Avant d'abandonner définitivement le fil de la chronologie, retrouvons-le en 1964 à Londres où il réalise un groupe de sculptures monumentales dans le cadre de l'exposition organisée par Richard BUCKEL à l'occasion du 400ème anniversaire de la naissance de SHAKESPEARE. Et c'est encore à Londres, l'année suivante, qu'il rencontre une dernière fois GIACOMETTI dont c'est l'ultime rétrospective avant sa mort : ce jour-là, le musée étant fermé au public, c'est le maître lui-même qui le guide à travers l'exposition.

Bougeotte et péripéties de la vie, on pourrait le suivre en Belgique, en Espagne, en divers lieux de France et de Navarre, et en Californie où il fera plusieurs séjours dans les décennies écoulées (Sculptures et design pour Reva Fashion à Beverly Hills, atelier Gemini Gel à Los Angeles, cuisinier de stars hollywoodiennes...). Mais c'est dans sa charmante maison ardéchoise, devenue point d'ancrage depuis 36 ans, qu'on lit l'authenticité de son être. S'il devait la quitter, ce ne serait que pour retourner vivre à Hawaï. Avec une grâce de dilettante, Henry y regarde de loin le monde s'agiter. Il reprend ses pinceaux quand la charge émotionnelle l'impose et il retrouve alors cette peinture impressionniste abstraite, solide et dense, qui le rapproche de ses rêves d'enfant.

HENRY SCHLEY, sculptures et peinture

HENRY SCHLEY, sculptures et peinture

Principales expositions :

1958-63 :

Biennale de Paris, Musée d'Art Moderne / Salon de Mai, Musée d'Art Moderne / Salon des Jeunes Sculpteurs, Musée Rodin / Salon d'Automne, Grand Palais.

1972 :

Biennale de Venise, sérigraphies dans le Pavillon Américain.

Plus récemment :

Plusieurs expositions en Ardèche, en Pologne, à Aix-en-Provence...

2 ajouts du 03/06/2020

Crédit Anne Lüscher.

 

 

Article associé :

Des souvenirs et des regrets aussi...

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 16:56

Dans la série AILLEURS, même pas besoin de me disperser sur le net !

Mais une invitation à laquelle je ne pourrai me rendre.

Autant vous la faire partager.

Une autre opportunité de visiter son site, mais aussi celui d'Helmut Krackenberger :

Pour ceux qui seraient disponibles et dans le coin :

Vernissage suivi d'un buffet et de la soirée inaugurale avec un concert lyrique de Kate Ladner et Nicholas Todorovic.

Un petit avant-goût ?

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31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 09:15

C'est, je crois, ce qu'on peut se souhaiter de mieux pour 2015.

 

L'ami Baps m'a fait parvenir quelques photos des épisodes diluviens qui, cet automne, ont touché la vallée de l'Ibie. Je ne jurerais pas qu'ici ou là il n'y a pas ajouté son grain de sel, mais ce sont des aspects de l'Ardèche méridionale que le touriste potentiel que vous êtes se doit de ne pas méconnaître.

Baps-Ibie-2014-a.jpg

Baps-Ibie-2014-b.jpg

Baps-Ibie-2014-c.jpg

Baps-Ibie-2014-d.jpg

 

Tout s'est nettement amélioré depuis et je laisse ces deux jeunes gens, qui en la matière sont mieux qualifiés que moi, vous présenter leurs vœux :

Baps-et-Luce-voeux-2015.jpg

 

Au sec...ours !

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 12:15

de mettre son nez dans les affaires des autres.

C.BOST-Pinocchio

(Un CLIC sur l'image pour l'agrandir.)

 

...Sauf quand c'est pour la bonne cause.

1 - Il me restait en réserve un Pinocchio, orphelin de Courbet, et j'ai toujours eu à priori de la compassion pour les orphelins.

2 - J'avais envie de vous faire découvrir la série Carré d'A Aix-en-Provence de C.BOST. Mais le mieux n'est-il pas que vous en parcouriez l'album après avoir cliqué sur le tableau ?

C.BOST-chaussure-a-son-pied.jpg

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 07:00

Reçu par mail de l'ami Baps à la suite de mon post d'hier sur la Sainte Famille.

recyclage-Sainte-Famille-Baps.jpg

Peace and Love, my dear !

 

Une occasion de découvrir ou de revisiter son site récemment enrichi : LINK

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 10:00

Presse écrite, radio, net, télé : actu nationale, internationale, politiques de gauche comme de droite... je sature.

Hier, un besoin impérieux de m'aérer. J'ai soudain pris le parti de sauter dans la voiture et d'aller rouler, sans but préconçu, en rase campagne. C'est ainsi que je me suis tranquillement élevé, par d'étroites routes tortueuses, depuis la plaine fleurie de mimosas, amandiers, tulipiers, prunus, forsythias, pêchers... jusqu'aux étendues encore tout enneigées du plateau. Quelques heures de beauté sereine. Sur le chemin du retour, une chevrette et son chevrillard, en bord de talus : j'ai connu plus farouche que ces deux-là. Et puis, de retour dans le trafic -pourtant fluide- de la plaine, j'ai retrouvé l'imbécillité ordinaire.


Ce matin, un peu de ménage dans mes boîtes-mails : retrouvé une invitation de Catherine Perbost à découvrir ses dernières créations sur Flickr, le 27 janvier. C'est toujours aussi plein de fraîcheur.


C.BOST-Moa.jpg

 

C.BOST-La-Havane-2013.jpg

 

Je vous laisse le plaisir de feuilleter ses albums vous-mêmes : LINK

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27 janvier 2014 1 27 /01 /janvier /2014 20:00

VISITA INTERIORA TERRAE RECTIFICANDO INVENIES OCCULTUM LAPIDEM

Littéralement : Visite l'intérieur de la terre, en rectifiant tu trouveras la pierre cachée.

 

Ce que, personnellement, je traduirai ainsi :

C'est au fond de toi que tu trouveras le germe d'un homme nouveau.

 

C.F.--V.I.T.R.I.O.L.jpg

 

J'ai été heureux de recevoir la photo de ce dernier tableau de Cécile Falchéro et de pouvoir l'ajouter dès à présent à sa petite GALERIE.

 

Cela étant, je file chercher une lampe de mineur.

À un de ces jours, peut-être...

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 09:50

À Charlie, en lui souhaitant vivement que ses tourments s'arrangent (voir son commentaire déchirant sur mon précédent post : "Pour un nouveau statut juridique de l'animal ")

a-Charlie.jpg

 

Et à celles et ceux qui préfèrent... Après tout, j'sais pas quoi !


voeux 2014

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 11:00

Une pétition qui prend moins de temps qu'une esquisse.

chien-esquisses

C'est  ICI.

 

La moindre des choses serait qu'on y voie grouiller les Cafards.

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 17:30

C'est de saison, enfin !

 

L'occasion d'évoquer Le déjeuner sur l'herbe (ultime phase) présenté lors d'une exposition de groupe en 2003 par l'ami René Mirabel.

le-dejeuner-sur-l-herbe.jpg

 

Un commentaire tout récent sur un post déjà ancien : Un voile sur les pots de chambre des artistes ?

ainsi qu'une longue conversation, hier soir, avec René m'ont donné envie d'exhumer un article-papier que je lui avais en partie consacré :

 

Je m’amuse toujours à entendre les jugements portés par ceux qui ne sortant jamais de leur chapelle en révèrent le bénitier et s’y abîment dans leur reflet. On voit ainsi deux formes d’ignorance satisfaite : celle qui s’éblouit de ne rien découvrir de plus haut que son propre point culminant et celle qui, dédaigneuse de ce qu’elle a mal digéré, s’alimente de ses seuls préjugés.

 

(...L’œuvre, quelques références au livre d’or...)

Au sol, un carré de mousse et d’herbes folles dans un cadre de bois plastifié d’un mètre de côté avec, en son centre, un étron. Eclatante ruralité du propos, réjouissante antithèse du champ de lavande esthétisé, référence explicite au scandale provoqué en son temps par Manet, je ne crois pas tromper la pensée de René en indiquant qu’il n’y avait là matière qu’à une tempête dans un abreuvoir et à des soubresauts effarouchés d’employé de sous-préfecture constipé. Par le filtre de l’hyperréalisme pictural, voire de la photographie, on aurait certes répondu pareillement à l’intention mais on en aurait, à l’évidence, affaibli l’effet. Le procédé a rallié tous les rieurs, ainsi de celui-ci : Mirabel éclaire cette exposition de son humour ravageur. Ce qui n’a pas été la perception de tous : Il ne manque que l’odeur à la merde exposée dans le coin à gauche. Ignoble et inutilement choquant (reconnaissance, au passage, d’un véritable « savoir-faire »). Ainsi encore deux sentences à l’emporte-pièce, unies dans leur anonymat et leur cacographie : Mirabel tu ressemble à ta merde (d’un physionomiste sans doute distingué mais peu courageux) et Ces dégueulasse. Merde déplacée. Ne correspond pas à l’art… signé Une inconnu (dont nous regrettons qu’elle n’ait pas eu le loisir de développer la conception immanquablement originale de l’art que laissait espérer l’ambiguïté de son orthographe). Plus référencé, l’étonnement d’un peintre apparemment sûr de l’intemporalité de son style ou de l’avant-gardisme de ses recherches : Eh, les gars ! on est en 2003 pas en 1923. (Allusion au dadaïsme qui n’est pas infondée, mais beaucoup moins juste que le renvoi à l’année 1961 qui vit l’Italien Piero Manzoni exposer, sous le titre Merda d’artista, plusieurs boîtes métalliques operculées et numérotées dans lesquelles étaient conservés au naturel ses propres excréments, et totalement déconnectée de l’actualité internationale). Je suis tout aise d’avoir trouvé, au dernier jour de l’exposition, la synthèse la plus ouverte, faite par un adepte de l’Arte Povera : Bien que tous les exposants méritent des compliments, qu’ils veuillent bien m’excuser si je ne m’adresse qu’à René Mirabel dont je suis et admire les productions depuis un certain nombre d’années… L’espace me manque pour reproduire l’intégralité de ses arguments qui, pour l’unique fois, s’étendaient à la seconde œuvre exposée par René,

Intimisme n°38,

intimisme-n-38.jpg

mais ce raccourci aura peut-être la vertu de ramener certaines des autres réactions relatées à l'exiguïté de leur domaine.

Je conclurai en m’amusant de l’inquiétude manifestée en ma présence par un visiteur, à propos de l’objet sur lequel j’ai jusqu’ici tenté d’éviter de glisser :

 

- Ce n’est pas une vraie ?

- Mais non, c’est un plâtre.

- Ah bon ! (soupir de soulagement).

- Ça a été d’autant plus douloureux.

- … ?

 

Je n’aurai pas la cruauté de vous tendre un miroir. Des fois que vous y retrouviez la mimique de ce brave homme !

 

Au fil des années, René Mirabel a construit et continue encore à enrichir une œuvre considérable que Gilles Plazy a déjà célébrée dans le n°28 de Cimaise, sous le titre : René Mirabel, la rigueur, la tendresse et l'humour. Il ne montre que peu son travail, d'une grande variété, et ce toujours au gré de ses envies. J'espère trouver le temps de vous en présenter d'autres aspects. Prépare le champagne, René ! 

 

Parmi ses principales expositions :

1967.

IVe Salon International de Monte-Carlo. Achat d’une toile par S.A.S. la Princesse Grace de Monaco.

1968.

Biennale itinérante pour le Continent Américain.

1969.

Salon international de Barcelone.

1988.

Salon Grands et Jeunes d’Aujourd’hui, Grand Palais, Paris.

1990.

Exposition personnelle, Galerie Peinture Fraîche, Paris.

1992.

Dijon, Hôtel de la Cloche, exposition personnelle (présentée par Michel Enrici, Directeur de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dijon.)

Paris : Bibliothèque Nationale : De Bonnard à Baselitz – Chefs-d’œuvre de l’estampe du XXe siècle.

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