27 décembre 2019 5 27 /12 /décembre /2019 20:53

Je tenais les Histoires naturelles de Jules Renard pour le plus bel hommage qu'un homme muni d'un calepin puisse rendre à la nature. Jules Renard bénissait la joliesse du monde avec la seule chose dont il disposait : les mots. Ses leçons de choses redessinaient la vie, recréaient le peuple de l'herbe, du ciel et des étangs. Il [...] croisait un cafard : "Noir et collé comme un trou de serrure"...

 

Sylvain Tesson in La panthère des neiges, p. 114 - Editions Gallimard (Prix Renaudot 2019).

 

Il y a lurette que je n'avais pas fait un clin d'oeil aux amis Cafards...

La relecture, hier soir, d'un très court chapitre : Des mots pour le monde (p.114 & 115) m'en donne l'occasion. 

D'où vient mon amour des aphorismes, des saillies et des formules ? se demandait Tesson dans un de ses livres précédents : Dans les forêts de Sibérie (Prix Médicis Essai 2011). Un amour envahissant, plus d'une fois agaçant, qui s'est heureusement tempéré dans ce dernier opus.

Il y revient ainsi, malgré tout, avec un certain bonheur...

Je m'essayais aux "histoires naturelles". Je lisais mes aphorismes à mes compagnons et récoltais un sourire gêné ou une approbation polie :

[...]

Ane sauvage : chez lui, la dignité des incompris.

Méandres : à force de regarder les rivières du Tibet, les Chinois inventèrent les nouilles.

[...]

Grand duc : le soleil finit par se lever pour voir qui a chanté toute la nuit.

 

- Et l'homme ? demanda Marie, pas le droit à un aphorisme ?

- L'homme ? dis-je. Dieu a joué aux dés, Il a perdu.

 

Noir c'est noir.

PS du 29/12 :

Vous savez quoi ? Je viens de retrouver l'article qui a vu les Cafards débarquer sur ce blog à une époque où ils venaient de créer une communauté sur OB et se préoccupaient de l'étoffer. Ce n'était pas tout à fait hier matin. On était passé ce jour-là à l'heure d'été...

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9 novembre 2019 6 09 /11 /novembre /2019 10:07

[...] Louis, enfant, accompagnait sa mère sur le marché de Dieppe pour vendre des dentelles anciennes... C'est là aussi que je vais ramas-ser ses galets...

- Les galets de Louis ?

- Vous n'êtes jamais allé sur sa tombe ?

- J'ose pas.

- Il faut. Ils sont jolis les galets que je rapporte. Y a des veuves qui préfèrent mettre des fleurs coupées sur la tombe de leur mari. Comme si un mort, ça suffisait pas. Depuis trente ans, moi je dépose des galets de Dieppe sur Louis. À côté du grand voilier. C'est lui qui nous emmènera au large tous les deux. Parce que j'y suis déjà moi ! J'ai ma place, c'est gravé "Lucie Destouches née Almansor 1912-19...".

- Pourquoi pas "1912-20..." ?

- "1912-30..." tant que vous y êtes ! [...]   Marc-Edouard Nabe, LucetteCollection Blanche, Editions Gallimard, 1995.

 

Ce sera 2019. J'ai appris sa mort hier matin. Elle avait 107 ans.

Je préfère l'article qui suit à quantité d'autres...

Retrouvons-la un moment en juillet 1944 à Baden-Baden, dans les pages de Marc-Edouard Nabe :

 

...

- Et vous qu'est-ce que vous faisiez toute la journée ?

- Mes exercices. Toujours. Danse et castagnettes. Tac, clac, tac. J'étais discrète. Je me foutais dans un coin. Pour danser, j'avais trouvé une grande salle vide dans l'hôtel. J'y passais mes journées. Quelquefois la Delforge venait me voir. Elle voulait que je lui donne des leçons. Drôle d'idée, dans l'incertitude où on était tous, de vouloir apprendre à danser... Elle jouait un air au piano et puis je lui montrais le pas à faire dessus. Elle essayait, mais elle était très maladroite, pas danseuse du tout. Dans le hall, on croisait des marchands de tapis en transit avec leurs tapis sous le bras. C'était des Juifs riches qui avaient réussi à fuir, et qui voulaient passer en Suisse, en Amérique, n'importe où. On les aurait vus dérouler leurs tapis et monter dessus pour s'envoler, on n'aurait pas été étonnés outre mesure ! Tout était tellement décalé, désaxé, déboîté... Il y avait eu avant et maintenant, c'était après. Ça je l'ai très bien senti. Ce départ et tout ce qui allait suivre a coupé ma vie en deux. Ça a créé un fossé entre les vivants "normaux" qui étaient restés en France et les autres passés de l'autre côté. Se sentir condamnés à mort, ça vous rend abstrait, vous comprenez ? [...]

 

De Nabe on pensera ce qu'on veut, mais on ne contestera pas sa qualité d'écrivain. Sa Lucette m'avait beaucoup plu lorsque j'en ai lu la réédition dans la collection folio, en 2012.

Moi, je n'existe pas, et je n'aime pas qu'on me demande de parler de Céline. Je ne comprends toujours pas comment Marc-Édouard a réussi à écrire ce livre. Tout est vrai comme dans un roman. C'est entre la vie et le rêve. Ça me rappelle son portrait de Billie Holiday où on ne voyait pas la femme, on voyait l'âme.

Si tous les écrivains sont dangereux, Nabe ne l'est pas plus qu'un autre. Il danse sur les sentiments. C'est ça, son style.

Tout a été dit. Maintenant, la parole est à l'écriture.

Lucette Destouches.

 

Lucette, Folio 2012, 422 pages.

 

Maintenant, la suite est l'affaire du graveur.

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4 novembre 2019 1 04 /11 /novembre /2019 13:03

Ce n'est pas si loin... Le 31 octobre, je vous entretenais d'un tiercé gagnant.

Aujourd'hui, je m'amuse de pouvoir mettre en avant l'une des deux citations que Jean-Paul Dubois a placées en exergue de son dernier opus, celui que le jury du Goncourt vient de primer :

"Fallait que j'oublie cette journée. Perdu dix dollars au champ de courses aujourd'hui. Quelle chose inutile. Ferait mieux de me fourrer la queue dans une crêpe au sirop d'érable."

Charles BUKOWSKI, Sur l'écriture

 

Extrait (pages 14 à 16)...

 

"Putain oui je l'aurais tué cette merde. Ces mecs-là faut les ouvrir en deux." Ses doigts fouillaient toujours son oreille en feu et il se balançait lourdement d'un pied sur l'autre. En proie à une colère illisible, Patrick Horton semblait prêt à traverser les murs pour terminer le travail que j'avais à la fois entamé et, d'une certaine façon, bâclé. En le voyant ainsi rugir, gratter sa peau enflammée, je pensais à ce moment-là à cette notation de l'anthropologue Serge Bouchard spécialiste des cultures amérindiennes : "L'homme est un ours qui a mal tourné."

Winona, ma femme, était une Indienne Algonquine. J'avais beaucoup lu Bouchard pour apprendre d'elle.. Je n'étais encore qu'un Français au pied lourd ignorant à peu près tout des astuces de la tente tremblante, des règles mystiques de la suerie, de la légende fondatrice du raton laveur, de la raison pré-darwinienne selon laquelle "l'homme descend de l'ours" et de l'histoire qui raconte pourquoi "le caribou est taché de blanc seulement sous la bouche".

A cette époque, la prison n'était encore pour moi qu'un concept théorique, une facétie de jeux de dés vous enjoignant de passer votre tour dans une case pénitentiaire du Monopoly. Et ce monde fagoté d'innocence semblait bâti pour l'éternité, tout comme mon père, le pasteur Johanes Hansen, occupé à faire vibrer le coeur des hommes et les roues phoniques d'un orgue Hammond dans sa paroisse protestante noyée sous des averses d'amiante bénite ; comme Winona Mapachee et sa douceur algonquine, arrondissant ses virages aux commandes de son avion Beaver pour poser en douceur clients et flotteurs au fil de l'eau de tous les lacs du nord ; comme ma chienne Nouk qui venait de naître et semblait me considérer de ses grands yeux noirs comme le commencement et la fin de toutes choses.

Oui, j'aimais ce temps, déjà lointain, où mes trois morts étaient encore en vie.

Je voudrais tant trouver le sommeil. Ne plus entendre les rats. Ne plus sentir l'odeur des hommes. Ne plus écouter l'hiver au travers d'une vitre. Ne plus devoir manger du poulet brun bouilli dans des eaux grasses. Ne plus risquer d'être battu à mort pour un mot de trop ou une poignée de tabac. Ne plus être contraint d'uriner dans le lavabo parce que, après une certaine heure, nous n'avons plus le droit de tirer la chasse d'eau. Ne plus voir, tous les soirs, Patrick Horton baisser son pantalon, s'asseoir sur la lunette et déféquer en me parlant des "bielles entrecroisées" de sa Harley qui au ralenti "tremblait comme si elle grelottait". A chaque séance, il oeuvre paisiblement et s'adresse à moi avec une décontraction confondante qui donne à penser que sa bouche et son esprit sont totalement découplés de sa préoccupation rectale. Il n'essaye même pas de moduler ses flatulences d'effort. Tout en finissant ses affaires, Patrick continue de m'éclairer sur la fiabilité des derniers moteurs désormais montés "sur des Silentbloc dits isolastic", avant de réajuster ses braies comme un homme qui a fini sa journée, et d'étaler sur la cuvette un linge immaculé censé tenir lieu d'abattant et qui sonnait un peu pour moi à la fois comme la fin d'un office et un Ite missa est.

Fermer les yeux. Dormir. C'est le seul moyen de sortir d'ici., de laisser les rats derrière soi.

246 pages sans faiblesses, vous en avez encore 244 à lire...

Les jurés vont pouvoir maintenant passer à table.

Et Amélie Nothomb, qui n'est pas loin d'avoir déjà écoulé 150 000 exemplaires de Soif, va pouvoir se consoler avec...

 

Jésus, que ma joie demeure par Marie-Claire Alain.

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

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2 novembre 2019 6 02 /11 /novembre /2019 17:59

 

René Magritte,

La clef des champs (1936)

 

 

Oui, René Magritte, bien sûr.

Mais ce me semble être chose

assez partagée

en Belgique.wink

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes bien

à Noël aujourd'hui,

n'est-ce pas ?

 

J'ai justement trouvé

un conte de circonstance.

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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 11:06
Tiercé gagnant.

¤ Soif, Amélie Nothomb, chez Albin Michel, 152 pages, 17,90 €

¤ Le bal des folles, Victoria Mas, chez Albin Michel, 251 pages, 18,90 €

¤ Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, Jean-Paul Dubois,

   aux Editions de l'Olivier, 246 pages, 19 €

Trois, pour faire un tiercé y a pas mieux...

Les photos des livres dans l'ordre où je les ai achetés et lus, il n'y a plus très loin d'un mois maintenant. Une primo-romancière - déjà lauréate du Prix Stanislas et du Prix Première Plume 2019, et encore en course pour le Renaudot et le Prix du Premier Roman - entre deux routiers parmi les plus expérimentés de notre paysage littéraire qui, eux, sont toujours en lice pour le Prix Goncourt après un troisième écrémage.

Si je dois les mettre dans l'ordre de mes goûts, il sera inverse : j'ai adoré Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, beaucoup aimé Le bal des folles. Soif, nettement moins. Ce qui, en de nombreux points, rejoint les appréciations des lecteurs telles qu'elles s'expriment sur Babelio *(1,2,3).

 

Le rôle des morts. Si je devais n'établir qu'un lien entre ces trois livres, ce serait bien ça : le rôle qu'y jouent des morts très vivants (à cette différence près que d'une manière générale, les morts sont moins bêtes que les vivants, ainsi que l'écrit Amélie Nothomb). Mais c'est ce que vous découvrirez, je l'espère par vous-mêmes.

Certains d'entre vous se seront peut-être étonnés de ne pas lire ce billet plus tôt : je leur avais promis une suite à "Souris..." au surlendemain de sa publication. Car c'était bien à Soif et à la Passion du Christ qui en fait la trame que se référait mon post du 6 de ce mois, les plus avisés l'avaient deviné.

Et c'est encore Soif qui m'aura inspiré le titre de celui-ci :

"Mon tiercé gagnant - l'amour, la soif, la mort -..." (page 130). Ainsi Jésus commence-t-il à débriefer son parcours terrestre après la descente de croix. Vous vous étonnez ? (Pas moi, notez bien.) Il s'empresse de s'en expliquer : Mourir, c'est faire acte de présence par excellence... (et, page 131) Le mort sait-il qu'il est là? Je prétends que oui, mais comme je suis mort, on va dire que je prêche pour ma chapelle (vous avez cru reconnaître Raymond Devos ? C'est normal, il est belge, Amélie Nothomb aussi). Admettons que je ne sois pas n'importe quel mort.

C'est un peu le problème. On a du mal à oublier le chapeau de l'auteure sur la tête du mort. Après sa résurrection passe encore, mais tant qu'il était sur la croix !... Comme il est écrit : Il y aurait de quoi rire. Je ne m'y risque pas, cela m'arracherait un spasme de douleur [...] J'ai affreusement peur de gâcher ma mort (page 90). Et, si pour éprouver la soif il faut être vivant (page 147), on sent tout au long que la tasse de thé n'est jamais très loin. Ce Jésus n'en finit pas d'enfiler les phrases et les mots d'auteur. Quand ce ne sont pas des mots inutilement savants : son péché mignon ?  Il fait du Nothomb. Et quand ce n'est plus du Nothomb, il cite Malherbe, Sainte Thérèse d'Avila et Proust sans les nommer. Très classe. Champagne !

Ce n'est pas que ce soit mauvais (je continue à en relire des passages de temps à autre et à en tirer quelques réflexions), c'est faiblard. Ce qu'il est venu faire dans cette galère ? Jésus se le demande, mais il semble moins poser la question à son Père qu'à la pétillante Amélie (déjà en train de sabler le champagne ?)... Elle aura eu le mérite de le laisser en toute fin s'interroger devant le miroir : Ce que je vois dans mon visage, personne ne peut le savoir. Cela s'appelle la solitude. Il y a de quoi !

 

Voilà. J'avoue avoir été étonné de découvrir Soif dans la première sélection du Goncourt de cette année, je le suis bien davantage de le retrouver dans la dernière - encore que ! - où ils ne sont plus que quatre (dont Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon, Dieu merci). C'est ce que j'ai attendu de constater avant d'en tirer quelques lignes.

Qu'importe la suite. Dès à présent Amélie Nothomb caracole en tête des ventes. Elle a ses lecteurs. Dont je suis. Inconditionnel, certainement pas. J'ai évoqué Proust, elle ne peut que le citer.

 

 

* Sur Babelio :

1 - Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon.

2 - Le bal des folles.

3 - Soif.

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Un autre tiercé, dès l'abord dans l'ordre, cette fois-ci :

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18 mai 2019 6 18 /05 /mai /2019 06:30
Les anniversaires, c'est quand ça me chante...

D'après Jean-Léon Gérôme, Phryné devant l'aréopage (1861).

Nous sommes le 18 mai, j'aurais pu célébrer l'anniversaire de Bernadette Chirac, mais non...

Je préfère commémorer la réception de notre bonne Marguerite Y. à l'Académie française.

Eh oui, c'est comme ça, indomptable je suis !

 

Voilà que, du coup, Jean d'O pensait avoir enfin saisi son quart d'heure de gloire, mais non...

Une fois de plus coiffé à l'applaudimètre, le Jean d'O.

 

Johnny Hallyday - L'idole des jeunes :

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Pour compléter plusieurs commentaires :

 

[...]

MOI : Qu'ai-je donc fait à l'Académie, cher et illustre maître ? Vous avez raison : pas grand-chose, en vérité. Sauf une révolution. En 1981, j'y ai fait entrer , contre vents et marées, la première femme de sa longue histoire. Disons, une fois de plus, les choses comme elles sont : à tort ou à raison, mes estimables confrères ne voulaient une femme à aucun prix. L'Académie est une tribu. La tribu avait ses rites. Aucun règlement n'interdisait l'accès des femmes au sein de la vieille institution. Mais il y avait plus fort que le règlement. C'était la tradition. […]

Je n'ai pas agi par féminisme, maître de vérité. Ni par complaisance. Je ne connaissais pas Marguerite Yourcenar. Je ne l'avais jamais rencontrée. J'admirais tout simplement l'auteur de L’Œuvre au noir et des Mémoires d'Hadrien. Avec une naïveté d'enfant, je ne voyais aucune raison de ne pas la prendre parmi nous.

Rien ne m'irrite davantage que la bienveillance des bonnes âmes qui me félicitent d'avoir contribué à l'élection d'une femme à l'Académie française. Je n'ai contribué à rien du tout. J'ai imposé Marguerite Yourcenar à une Compagnie attachée depuis toujours à ses particularités et qui répugnait au changement.

La bataille fut très rude. […]

À ces arguments assez bas, je répondais, par des arguments plus bas encore :

Vous ne voulez pas de femme ? Je vous en propose une qui cumule tous les avantages. Non seulement elle a un talent qui n'est pas loin du génie – ce n'est rien, ce n'est rien du tout - mais encore elle ne vous encombrera pas beaucoup : elle habite l'Amérique, elle ne sera jamais là.

Et, pour faire bonne mesure, j'ajoutais une flèche du Parthe, largement empoisonnée, que je devais à un autre écrivain que j'admirais beaucoup et qui ne portait pas Yourcenar dans son cœur, l'auteur de Belle du Seigneur, Albert Cohen :

Je vois bien ce que vous craignez chez une femme : sa beauté, sa grâce, son charme, toujours capables du pire. Avec Yourcenar, tout risque est écarté.

Marguerite Yourcenar fut élue contre les convictions et les vœux d'une large majorité parce qu'il était impossible de se déclarer ouvertement contre elle. [...]

 

Jean d'Ormesson, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.

Disponible dans la collection Folio de Gallimard, 489 pages.

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29 avril 2019 1 29 /04 /avril /2019 08:47

Le Tanargue, la montagne du tonnerre.

Un superbe livre de photos d'Helmut Krackenberger *, dans les pas de Kenneth White**.

 

Ouvrage édité par ses soins, Helmut m'a fait l'amitié de m'en proposer la lecture avant de le remettre à son imprimeur.

C'est donc dans sa dernière version avant impression que je vous invite à en découvrir la maquette, avec la certitude que la qualité des prises de vue, la beauté des paysages et les surprises qui se révèlent au détour de ses pages sauront conquérir tous les lecteurs, qu'ils soient déjà épris de ce territoire montagneux du sud-ouest ardéchois ou qu'ils en découvrent les singularités.

Engagé sur les traces de Kenneth White et de ses "Lettres de Gourgounel", Helmut Krackenberger a su restituer tous les caractères des lieux dans leur intemporalité, et même réussi à faire resurgir grâce à ses archives photographiques les personnages qui les peuplaient encore dans les années 60.

* Helmut Krackenberger en quelques lignes :

Sarrois d'origine, c'est après quatre ans de très sérieuses études d'ingénieur qu'il bifurque résolument vers la photographie, dont des cours du soir lui ont donné le goût. Et c'est à l'Ecole des Arts et Métiers de Sarrebruck puis à l'école de photo du Dr Steinert qu'il se dotera des solides bases techniques avec lesquelles, à partir de 1957, il parcourt l'Europe. En particulier la Hollande et l'Italie.

Agences photographiques et éditions d'art l'emploient ici et là, mais c'est avant tout la fréquentation assidue des musées du Vatican et de Florence qui déterminera son goût pour les reportages liés aux oeuvres d'art et à leurs auteurs. Un goût qu'il ne tardera pas à épanouir en France puisque c'est en 1959 qu'il s'installe à Paris où, après avoir bientôt obtenu la nationalité française, il va accéder au statut de photographe de la Réunion des Musées Nationaux, avant de devenir le photographe officiel du château de Versailles.

Une période riche de rencontres et de réalisations, au cours de laquelle il va tout particulièrement s'activer autour des collections du Louvre et du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris : plusieurs catalogues d'expositions en témoignent encore... Alberto Giacometti, Gustave Moreau, Aristide Maillol.

L'affection toute particulière que j'ai pour l'art de Georges Braque me porte à mettre en avant la réalisation du catalogue, qu'Helmut fit en concertation avec le maître, pour célébrer sa grande exposition rétrospective du Louvre, en 1961 : intitulée "L'atelier de Braque", cette exposition revêt en outre un caractère historique, en ce qu'elle faisait de celui qui fut, avec Picasso, l'inventeur du cubisme le premier peintre à voir entrer partie de ses oeuvres dans les collections du Louvre, de son vivant.

 

Parcours officiel tout tracé, lorsqu'en 1965 le musée Fabre de Montpellier s'ajoute à la liste de ses champs d'action... En découvrant cette partie du sud de la France et son arrière-pays, Helmut tombe sous le charme de l'Ardèche : il y sera bientôt définitivement installé pour y créer sa propre maison d'édition.

 

** Kenneth White en autant d'aspects que propose son site :

LETTRES DE GOURGOUNEL

Publiées en 1966 après un long séjour en Ardèche qui les a inspirées, ces Lettres rendirent Kenneth White célèbre. L'auteur déchiffre une sagesse inscrite dans les mystères du cosmos et tente de découvrir "le langage inconnu auquel l'esprit aspire".

Telle se présente la quatrième de couverture de cet excellent petit livre (148 pages/7,80 €) dans sa dernière édition de 1986 réimprimée en novembre 2018 chez Grasset (collection : Les Cahiers Rouges).

Ecriture simple et précise dans laquelle se retrouve l'esprit du haïku cher à Kenneth White, en une suite de tableautins vifs et savoureux qui croquent au passage l'habitant du cru. Sagesse universelle puisée au terroir. J'en ai fait, au sens propre, mon livre de poche du moment. Et je me plais à penser qu'une édition pourrait, un jour, y ajouter les portraits de ces femmes ou hommes qu'Helmut a photographiés en ces mêmes lieux, à la même époque.

¤

Présents dans le livre d'Helmut Krackenberger, ils ont déjà fait l'objet d'un article sur ce blog :

Georges et Monique Stahl.

YZO, Isabelle Grasset.

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PS : Si, à titre personnel, Les réseaux sociaux, je m'en tamponne ! je serais, à titre exceptionnel, pleinement heureux que mes habitués (ou pas) se fassent l'écho de ce bel ouvrage d'Helmut Krackenberger sur leurs comptes facebook, twitter ou autres...

Autres articles sur Helmut Krackenberger :

- Helmut Krackenberger, ça se bouscule...

- Amandine, Jules et les autres...

 

Vous en découvrirez d'autres en tapant ses prénom et nom dans RECHERCHE (haut de page).

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11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 08:27

 

Oui bien sûr, je vous conseille de lire ou relire le roman éponyme d'Amélie NOTHOMB (poche, 186 pages ; éditeur d'origine : Albin Michel)...

Mais je voulais surtout vous rappeler que ce jeudi 11 avril a été choisi pour être la journée mondiale Parkinson 2019.

Une occasion toute particulière d'avoir un souvenir ému pour ma grand-mère préférée, dont j'aimais tant qu'elle m'accompagne faire pipi.

Stupeur et tremblements.
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9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 06:00

Sache que toi aussi tu seras le bienvenu.

L'affiche est de BAPS, comme d'hab...

L'affiche est de BAPS, comme d'hab...

 

*Valy : Mes aimables habitués auront évidemment reconnu notre ancien résident de la République, accordéoniste et auteur, et grand admirateur, tout comme moi d'ailleurs (c'est peut-être la seule chose que nous ayons en commun), de l'oeuvre de Guy de Maupassant.

 

 

Par la même occase, ami de passage, te voilà prévenu.

Un amical salut aux artistes :

Luce Vincent

Bernard Vincent

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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 18:24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

¤ Jim Harrison, Dernières nouvelles chez J'AI LU, 315 pages.

¤ Michel Houellebecq, Sérotonine chez FLAMMARION, 347 pages.

¤ Virginie Despentes, Vernon Subutex (Intégrale) en coffret POCHE

(soit un total de 1240 pages pour les 3 volumes)

¤ Yann Moix, Rompre chez GRASSET, 108 pages.

 

Du bon Harrison, un fort bon Houellebecq, du très bon Despentes.

Et le petit Moix dans tout ça ? Pas mal du tout... Mais j'y reviendrai.

 

Lire, chaque jour de l'année, ne serait-ce que quelques pages, je ne pourrais pas m'en passer. Cela va de quelques dizaines à plusieurs centaines. C'est en fonction du temps dont je dispose, de mon état de forme du moment, de la difficulté ou de l'intérêt de l'ouvrage. De la patte particulière de son auteur, surtout : style, ton, sans la qualité desquels le plaisir s'émousse.

Il se trouve que j'ai eu l'envie, en toute fin de semaine dernière, d'acheter un livre rapide à lire et que je pourrais facilement mettre en poche pour y revenir. Ce fut Moix, parce qu'il m'est tombé sous la main. Un coup d'oeil sur la quatrième (ça ne prend pas de temps : "Etre séparés pour toujours reste une manière d'être ensemble à jamais."), l'amusement de retrouver dès les premières lignes la petite chose chiffonnée et mal rasée que j'avais aperçue à la télé, 108 pages très aérées : ça ferait l'affaire. Le dernier Houellebecq était à côté. Allez, je me suis dit, ça fera le week-end. Et, comme il y avait un peu de monde devant moi à la caisse, un détour éclair au rayon des Poche où je me suis laissé tenter par les trois ultimes nouvelles de Jim Harrison et la trilogie Subutex de Virginie Despentes (un coffret plaisant).

Je les ai lus dans leur ordre d'acquisition.

 

Il a eu un gros bobo d'amour-propre qui dure, notre Yannounet. C'est ce qu'il raconte, ma foi, plutôt bien. Les petits malheurs des autres, ça s'avale comme un verre d'eau, d'autant que l'écriture est tenue. Rien d'exceptionnel, mais ça se laisse lire. Et puis patatras...

Page 99 : ...elle s'ébroue ailleurs, tournée vers des choses qui ne me concerne pas.

Tomber de son fil si près de la fin ! Après, forcément, ce n'est plus pareil.

Alors, quand au bas de la page 101 j'ai lu : ...Je deviens l'ennemi des ouvertures. Je suis un compas fermé. Je contre-existe. Je contre-vis. Je contre-respire..., je ne me suis même pas surpris d'ajouter : Et je contre-pète. Ensuite de quoi je l'ai regardé sans grande empathie finir de se lécher le nombril.

 

Les cinq autres livres, je les ai lus, non pas d'une traite, mais avec des difficultés à les abandonner quand je le devais. C'est assez dire le grand plaisir que j'ai pris à les lire.

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