Ne nous égarons pas dans les détails décoratifs : je suis un solitaire de bonne compagnie. Faut pas trop me courir sur le haricot, c'est tout !
Autoportrait à l'ange gardien (50x60)
Cécile, je lui avais consacré une interview tout empreinte de fantaisie, dans Les Temps d’Arts aujourd’hui disparu. C’était en juin 2001. Le temps passe si vite.
LE RIRE DE L’ANGE
Cécile : Toute petite, déjà, je voulais être peintre.
Géhèm : Toute petite, c’est-à-dire il y a longtemps ?
Cécile : Plus petite que ça encore !
Géhèm : Donc, tu as voulu être peintre quand tu étais encore toute petite…
Cécile : C’est ça.
Géhèm : Et après ?
Cécile : Eh bien, après c’est pareil. Quand je suis entrée aux Beaux-Arts et qu’ils m’ont demandé ce que je voulais faire, je leur ai répondu que je voulais être peintre.
Géhèm : Là aussi ?
Cécile : Oui.
Géhèm : Ça dénote de la suite dans les idées. Ils n’ont pas dû être trop étonnés ?
Cécile : Pas trop, non. Mais ils m’ont prévenue : ça craint.
Géhèm : Ça craint ?
Cécile : Ben oui, ça craint ! [phon. : kring] Quand tu es peintre, il vaudrait mieux être boucher ou notaire à côté. C’est ce qu’ils ont voulu me dire.
Géhèm : Et toi, c’était peintre ou rien.
Cécile : C’est clair. On ne peut pas être boucher et notaire en même temps. Et peintre, c’est la même chose. Le boucher, quand il se repose, il peut faire du point de croix, de la crème anglaise ou de la peinture. C’est comme moi, à l’occasion je sais désosser un gigot : je vais pas dire pour autant que je suis boucher.
Géhèm : Donc, tu es comme Jean Ferrat qui « ne chante pas pour passer le temps ». La peinture est une exigence.
Cécile : Oui, une exigence à plein temps.
Géhèm : Une sorte de sacerdoce, alors ?
Cécile : Voilà.
Géhèm : C’est la raison pour laquelle il y a parfois des martyrs, des saints et des anges dans tes tableaux ?
Cécile : Non, ça, c’est des souvenirs d’enfance.
Géhèm : Oui, à l’époque où tu as commencé à vouloir être peintre ?
Cécile : Raconté comme ça, c’est cool.
… Et elle part d’un rire dévastateur.
A côté de ça, en matière d’art, goûts éclectiques et élitistes : Jean Fouquet, Georges Rouault, Egon Schiele, Giacometti, Dubuffet,… Géhèm. Un choix qui, à son âge, étonne par sa sûreté et que vient illustrer un magistral Saint Géhèm, œuvre hardiment symbolique, de format 90x110… cette dernière référence, à la seule intention de faire rire les anges (la photo de l’œuvre n’est malheureusement pas disponible). [Depuis janvier 2011, la photo de Saint Géhèm a rejoint l'album consacré à Cécile.]
Perpétuelle insatisfaite, elle poursuit un chemin personnel, où se façonne progressivement son style, en tendant à l’essentiel. Une austérité de moyens, à la fois nécessaire et volontaire, dans laquelle se révèle un talent de coloriste affirmé.
Et notre ami commun, Jacques-Roger, lui aussi disparu en 2006, avait écrit (en mars 2003) le joli billet que voici alors qu’elle avait son atelier en Ardèche, dans une modeste maison de Jaujac :
Dans l’atelier de Cécile
Dans l’atelier de Cécile il y a des arbres et des anges, il y a Jésus et Marie, il y a Gabriel et il y a de l’eau, de la terre et des chevaux. Des couleurs qui se touchent ou qui s’accompagnent. Promenade ? Peut-être son pays de rêve, où les couleurs seraient des mots, des regards ou des signes.
Dans l’atelier de Cécile, les oiseaux ont quatre pattes et les chevaux ont des ailes, les humains ont du cœur et les anges ont des couilles.
Dans l’atelier de Cécile il y a une lumière et, de la fenêtre orientée au nord, on voit deux pics rocheux, magnifiques, hauts, pleins de la force de cette terre. Ces deux géants regardent par la fenêtre le tableau en création :
« Oui, ici plus de roux ». Et les cheveux de Marie-Eve flamboient. « Ici, oui, griser pâlir ». Et les châtaigniers se détachent sur fond hivernal.
Dans l’atelier de Cécile ça sent le ripolin, ou la valentine ou…, enfin ça ne sent pas la si vénérée essence de térébenthine. Les pots collent et dégoulinent, les pinceaux servent par les deux bouts, "poils" et "pas poils", ils sont en bouquet. On ne choisit pas un pinceau, on prend un bouquet (ils sont inséparables).
Dans l’atelier de Cécile, j’ai froid aux pieds, froid aux mains et chaud au cœur, et quand je sortirai j’aurai pour compagnes les images et les couleurs créées dans 15 mètres carrés chauds de cette vivante et libre folie.
Dans l’atelier de Cécile…
Eh bien voilà, c’était respectivement il y a neuf et sept ans. Depuis, Cécile est devenue épouse et maman, sa peinture s’en trouve apaisée. L’acrylique, aujourd’hui, a remplacé la glycéro de l’époque héroïque. Les oiseaux y ont laissé des pattes, les anges y ont perdu leur sexe mais la symbolique s’est enrichie. Et quand on demande à Cécile de mettre quelques mots sur son art elle va encore, je crois, à l’essentiel : elle le veut miroir de l’âme et fenêtres ouvertes sur le peuple des Étoiles.
Inutile que je vous le dise autrement : j’aime son univers pictural qui est un si heureux reflet d’elle-même (mais j’ai la chance d’aimer des mondes aux antipodes les uns des autres).
Découvrez-la au hasard d’une promenade.
Un coup de fil pour vous assurer qu’elle est là et l’atelier vous sera grand ouvert :
04 71 59 72 58
2 impasse des Bruyères
43 400 Le Chambon-sur-Lignon
Reine de Saba (60x70)
Jean l'Alchimiste (90x110)
La Lune (80x100)
Templier (80x100)
L'âme de l'Empereur (50x70)
L'envol (50x70)
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