29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 05:00
link (Les passantes)

Mercredi 29 septembre. SAINT MICHEL
    Paris, 17 heures : un archange passe boulevard Saint-Michel. Je l’attrape par la queue, je le montre à ces messieurs, ces messieurs me disent… 
                            Aux indéracinables légumes secs et autres ineffables singularités potagères qui peuplent le Sénat.

 

BRUITS

 

À Sèvres-Babylone comme à Saint-Paul,

De Saint-Sulpice aux Tuileries ou à Vaneau,

De bouche en bouche, de rive en rive,

Paris, en hoquetant, vomit sa vie

Dans le métro et abandonne,

Collés aux murs des couloirs et des quais,

Des pauvres gens qui nous ressemblent

Et qu’on s’attarde moins à regarder

Que les affiches.

À Cluny-La Sorbonne, un après-midi gris,

J’ai pris le temps d’entendre

Une femme à la beauté triste

Qui se rappelait avoir eu dans la tête

Des papillons.

C’était, m’a-t-elle dit, un murmure soyeux,

Un bruissement constant d’ailes fragiles

Et diaprées,

Une musique singulière, aux tons feutrés,

Qui l’enivrait et attirait plus sûrement les hommes

Que ne l’eût fait le chant d’une sirène.

Ce fut longtemps un tourbillon léger

D’amants insouciants, une incessante fête,

Jusqu’à l’amer amour, l’amour fatal

Qu’elle connut avec un militaire

Dont la passion unique et taciturne

N’était pourtant que d’épingler les papillons.

La malheureuse, je n’ai pas supporté sa peine

Tant les grelots multicolores

Qu’elle a maintenant dans la tête

Font un tintamarre effrayant.

Alors j’ai quitté la station

Et j’ai marché, le nez au ciel,

Suivant le boulevard Saint-Michel

Jusqu’au jardin du Luxembourg

Où se promènent, quand l’air est doux, les sénateurs.

Au moins, ce n’est pas sous le crâne d’un sénateur

Qu’on trouve des horreurs semblables.

Et mon cœur d’enfant a frémi

Quand sont venues à mes oreilles

Les notes gaies et aigrelettes

D’un limonaire.

 

Géhèm

 

 

En savoir un peu plus sur nos amis les sénateurs ?

C'est ici. 

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commentaires

F
Hello Géhèm !<br /> Une harmonie certaine entre "Les passantes" et tes "Bruits". Une balade dans le métro alerte et tendre. Touchée j'ai été par cette femme aux regrets. L'idée des papillons (mes chouchous) bruissant<br /> joyeusement dans sa tête du temps où elle semblait heureuse m'a réjouie. Triste je fus par les ravages d'un amour cruel chassant les doux papillons pour laisser place à la douleur.<br /> Tu écris soyeusement et mélodieusement l'ami.<br /> Bisous
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G
<br /> <br /> Je suis ravi que tu sois la première à laisser une appréciation sur ce texte pour lequel j'ai une tendresse particulière.<br /> <br /> <br /> Bisous soyeux et joyeux.<br /> <br /> <br /> <br />