Le Sang du Peuple millésime 2017 trônait sur la nappe. "Il se laisse boire", avait déjà dit maintes fois l'oncle Charles-Louis-Marie. Il le répéta avant de porter le verre à ses lèvres et ce fut merveille de voir la robe plébéienne s'accorder si harmonieusement à sa carnation patricienne. On en était à la mijotée d'agneau sauce tomate et, jusque là, rien n'avait altéré la joyeuse ambiance familiale.
Et soudain : "Oh, putain !"
Je vous laisse mesurer l'étonnement de la tablée. Un homme qui d'ordinaire suscitait l'amusement admiratif des siens pour son attachement à l'usage d'un imparfait du subjonctif sans faille, et dont la seule extravagance connue avait été de rejoindre Renaissance au début de l'année après toute une vie passée aux côtés des LR et de leurs prédécesseurs patentés.
Ce n'était encore rien. On l'a vu se lever et gueuler : "Manu, maintenant ça suffit... Dégage !"
Puis il est tombé devant tous, en patriote.
On est peu de chose.
...Le 17-08 (fin de matinée).
Parce qu'il s'est passé ces derniers jours une curieuse suite de crashs (3 Rafale, 1 Fouga Magister et 1 ancien ministre, je le rappelle), je ne pouvais pas rester silencieux.
Un dessin pour vous inviter à rechercher dans les commentaires une partie des explications concernant ces drames:
Blériot... (Chaval) - Musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
...Le 18-08.
Je viens d'apprendre le décès d'Alain Delon.
Une aubaine cérémonielle de plus pour notre Monsieur Loyal élyséen ? Du calme, Manu ! Celui qui est mort ne t'avait pas attendu...
Croyez-moi, j'ai longtemps hésité à sauter le pas. Bousculer des siècles d'usage commun n'a rien d'agréable pour moi, je vous l'assure. Je l'aimais autant que vous notre bon vieux proverbe dont la privauté était absente : mieux votard que jamais. Et, l'époque a beau avoir le tutoiement facile, il ne m'est pas aussi habituel que certains pourraient le croire de m'y adonner sans réserves dans la vraie vie. Tout à l'inverse, une familiarité imposée en de trop nombreuses circonstances a les plus grandes probabilités de m'indisposer.
Je suis plutôt un garçon classique. Mais, somme toute, assez conciliant. Ce qui me préserve de souffrir exagérément des errements de l'orthographe contemporaine, dont il faut admettre qu'ils envahissent jusqu'en ces lignes de plus en plus allègrement les supports où l'expression écrite se rencontre.
Alors, pourquoi commettre l'irréparable, aujourd'hui ? Pour que le mot ne reste pas en retard sur l'image, et pour la satisfaction de précéder l'intelligence artificielle qui n'aurait pas manqué de vous l'imposer un jour ou l'autre.
Promis juré, j'ai essayé de tenir tant que j'ai pu, mais là c'est trop. Même pour rire, je n'aurais pas dû faire une place à cette tronche façonnée par l'I.A., dans mes pages. Rendez-vous compte : voilà que deux habitués, parmi les mieux élevés, évoquent leur envie de cracher sur le têtard.
D'ailleurs la main de l'homme fait encore tellement mieux les choses. Permettez que je me soulage...
C'est vrai, cela ne s'est déclaré qu'hier, mais ne croyez pas que ces choses-là arrivent sur un coup de baguette magique, par hasard : c'est le résultat d'une longue maturation. J'y pensais bien avant de commencer à me raser.
L'enfance d'un chef.
Pourtant, sans doute n'y aurais-je même plus fait allusion sans la question de ma récente ministre du logement à mon encore plus frais Premier ministre : Mais où s'arrêtera notre président ?
Et la précipitation, chacun devrait le savoir, n'est jamais bonne.
Sans doute aussi ai-je trop étourdiment délégué.
Je résume les faits dont vous pourrez vérifier la longue évolution dans les commentaires du présent billet et du précédent :
Mon Premier ministre rêvait légitimement d'une rosette et j'avais chargé ma ministre du Logement et de la Décoration de sa remise. Rien n'urgeait, et puis les procédures, tout ça... Mais croyez-vous que des amateurs enthousiastes s'embarrassent de décrets ? Je n'ai même pas été prévenu et, placé devant le fait accompli, je suis comme vous stupéfait.
Obligatoires, facultatives (z')ou interdites, les liaisons méritent tout votre intérêt, j'en suis bien d'accord, mais je vous invite à en approfondir les subtilités dans un excellent article de Wikipédia plutôt qu'ici.
En un premier temps, mon propos n'est que de faire partager à la multitude une de ces drôleries mettant en relief l'impératif tyrannique de l'euphonie dans l'usage des liaisons. Alors que je l'avais gardée jusque là dans la sphère intime. Vous me suivez ?
(Encore ce pauvre Jean-Léon Gérôme ! J'en suis marri.)
Oui, mais pourquoi donc (vont me demander les plus éveillés d'entre vous)... pourquoi donc porter aujourd'hui à la connaissance du tout-venant (qui le plus souvent vient fouler ces pages sans invitation, et qui en repart sans bonjour ni merde) ce qui hier encore était dans le domaine privé? Parce que nous voilà, Dame Coline et moi, unis brusquement à la vue de tous. Et pas n'importe où. Dans le Wiktionnaire. Ciel... !
Et parce que ces gougnafiers n'ont fait nulle part mention de Coline, retour à l'article du 9 juin 2013 qui a attiré le contributeur de WIKIMEDIA. Vous retrouverez cette citation, qui est son propos (celui de Coline), dans les commentaires :
...Et parce que cette petite chérie est d'une telle discrétion (fuck la discrétion !) qu'elle n'avait même pas laissé à l'époque de lien vers son blog, je répare ce tort séance tenante :
"Tous les chauffeurs-routiers sont poètes, sauf Eric Drouet."
Jean-Cul Mélenchon, vraiment ?
On ne vous le répétera jamais assez : tout aphorisme, si évident soit-il, doit être vérifié. Faute de quoi vous pourriez bien passer pour des cons.
Dans le cas présent, pour vous aider à circonscrire vos recherches, je vous suggère de taper : Minou Drouet, Jean Cocteau, Jean-Baptiste Drouet, Jean-Luc Mélenchon...
Et, comme la musique et la culture adoucissent les moeurs :
On attribue généralement le mot à Claudel. L'eût-il emprunté à un autre que celui-ci ne songerait plus à lui en faire procès : les morts ne sont pas querelleurs.
Ah ! il savait vous foutre son pied au cul sans y mettre de gants, celui-là.
Certains prétendent qu'il mettait, pour ce faire, un soulier de satin.
Décidément, c'était une crème d'homme, ce Claudel.
Claudel - Delcampe.net
Je me demande parfois s'il pourrait pousser sa sottise satisfaite jusqu'à se répéter à l'identique, dans le contexte actuel.
Tournure d'esprit qui favorise les tours de reins.
Si j'aime ce mot plein d'onctuosité, aussi fondant qu'un lièvre apprêté à la royale, et qui paraît fait pour glisser sans embarras de la bouche à l'anus, j'affiche un mépris bon enfant pour qui se montre obséquieux.
Bien entraîné, tenu au chaud, le personnage obséquieux peut quant à lui garder longtemps une souplesse tout à fait remarquable, ce qui ne manque pas de me réjouir.
Certain m'a gentiment pressé de me remettre un peu à mon blog. Je n'ai pas de publicité à me faire ; ce sera l'occasion d'en faire pour la ceinture du bon Docteur Gibaud.
Que la tentation du contrepet vous épargne et que la poésie soit en vous pour toujours !
¤ ADDENDUM
Je me demande si je ne suis pas un de ces gens bons qui s'ignorent. Certain bipède de mes lointaines connaissances m'a avoué, hier en m'offrant un pot, ne pas être à l'aise dans le contrepet. C'était la moindre des politesses que de le décoincer. Je peux pousser la générosité jusqu'à partager :
"Tranquille. Il a deux troufions dans le verre."
Il convient bien sûr de ne pas négliger la rime correspondante pour rester classique, ce qui n'est pas le plus difficile avec un Rimbaud daltonien (i rouge/u vert = u rouge/i vert) :
"Nature, berce-le chaudement : c'est l'i vert."
Voili voilou, ami internaute lointain, tu peux de ton côté m'offrir un vers quand tu veux.
Je cherchais la définition d'Elysée. En homme cultivé, j'ouvre donc mon bottin et que vois-je ?
Elysée : 55 Rue du Faubourg Saint-Honoré.................. 01 42 92 81 00
Ma surprise passée, je me rabats sur le dictionnaire pour trouver :
Séjour des héros et des hommes vertueux après leur mort.
J'aimerais quand même un peu plus de sérieux : il ne me paraîtrait pas anormal qu'un citoyen puisse prétendre s'entretenir, ne serait-ce qu'au téléphone, avec un président vertueux vivant.