qui a fait le louable effort de me demander la signification du mot analphabète avant que sa fureur inappropriée n'ait fini par m'obliger à lui écraser sans plaisir mon poing sur la gueule :
qui a fait le louable effort de me demander la signification du mot analphabète avant que sa fureur inappropriée n'ait fini par m'obliger à lui écraser sans plaisir mon poing sur la gueule :
Garçon, siouplaît, un ballon de blanc !
Ah, tiens, tant que nous sommes à la cave, profitons-en...
Aussi étonnant que cela puisse paraître au commun des mortels, il y a des choses que je n'ai jamais su faire. Marcher sur l'eau, par exemple, ça n'a pourtant pas l'air sorcier : d'autres l'ont fait. C'est que je n'ai pas les pieds qu'il faut, un point c'est tout. Surtout, je m'en fous. C'est comme voler, qui est à la portée du plus abruti des oiseaux, je n'en ai jamais éprouvé le besoin. Quand l'envie manque, je ne vois que ça...
La vérité c'est que je me balance de savoir ces commodités dans les cordes de tout un chacun. S'il y en a que cela amuse d'en user, je les regarde sans jalousie. Ils peuvent venir me voler sous le nez, pour autant qu'ils ne me défrisent pas la moustache.
En somme, j'ai presque tout eu exactement pour être heureux : ce qui me manque ne me manque pas.
Enfin... ce qui me manquait ne me manquait pas. Je suis obligé de l'écrire au passé depuis que j'ai cru pouvoir me lécher les sourcils, les doigts dans le nez, comme diraient d'autres. Un vrai fiasco ! Je suis tombé de haut, de très haut. C'est difficile pour mon ego de l'avouer, mais il faut bien que je vous explique pourquoi je n'ai rien publié depuis huit jours, rien lu non plus. Je léchais le bobo. J'avais du mal à relativiser le désastre.
Aujourd'hui, je regarde à nouveau le soleil en face. Malhabile avec moi-même, je m'accepte tel que je suis. Ma mésaventure m'aura enseigné une chose : infichu de me lécher un oeil, oui même un oeil ! il était fatal que je me montre encore plus inapte à mettre la langue dans ma poche quand il faudrait. Ce sont de ces petites misères humaines... Mais vous avez aussi les vôtres. Je ne veux pas vous embêter davantage.
Passons à autre chose. C'était l'époque où j'essayais de faire des trucs avec les pieds...
Sans titre (79 x 62) technique mixte.
(CLIC sur l'image pour l'agrandir.)
¤
Mai 2018
Hop ! dans le reliqu'art... J'aime bien, finalement, quand je faisais des trucs avec les pieds.
Certains jours, ça me donne la nausée !
Et je me contente de rester à la surface...
BUFFET INDIGESTE
C’est une sale fin de journée.
Il y a bien longtemps que le bâtonnier
N’a pas été autant contrarié.
Pourtant il avait fait le choix qui s’imposait :
Pas de veste, pas de cravate.
Un vernissage
C’est l’occasion de se déboutonner
Et de laisser aux néophytes
Le ridicule de s’endimancher.
Avec les artistes, la convention est là,
L’originalité aussi a besoin de règles.
Le bâtonnier a le sérieux qu’il faut
Pour le savoir.
Pas de sérieux, pas de relations d’affaires.
Le bâtonnier est peintre du dimanche
Mais aux vrais artistes il faut des clients.
Il n’y a pas de fantaisie là-dedans
Sinon il n’y aurait plus qu’à abandonner
L’art aux enfants.
Le bâtonnier délaisse les feuilletés
Et le vin blanc.
C’est qui, bon sang, ce type
À l’allure libre et insouciante
Qui paraît se moquer de tout ?
Si elle était vraie son histoire,
Qu’ils avaient joué ensemble
Avec des poussins de coton jaune
Quand ils étaient gamins,
Pensez, il se le rappellerait.
Pourtant le type qui n’a laissé qu'une trace floue
Dans sa mémoire
A réussi à donner vie
À un de ces poussins de mauvais coton.
Le bâtonnier a le cœur serré.
Il va devoir serrer un peu plus fort
Pour étrangler ce souvenir.
Demain, heureusement il plaidera,
Et ce sera sans complaisance,
Contre un vulgaire voleur de poules.
C’était juste une sale fin de journée.
Géhèm
Tiens, je vais lui conseiller de faire un détour sur le Déblog-notes de J.F. Launay pour le billet du jour. Un ex-Garde des Sceaux, c'est dans son domaine ! ça lui ouvrira peut-être les idées...
Le dicton du jour :
Soleil à la Saint-Vincent, le vigneron s'en va en chantant.
HOSPITALITÉ
J’ai bien connu, le temps d’une vendange,
La femme aimable d’un vigneron
Qui m’a demandé sans manières
Si j’aimerais faire avec elle
Le tour des vignes,
Visiter sa cave et les chais,
Le tout de son cru.
J’ai pas dit non,
Elle était un peu nymphomane*.
*Nymphomane : femme qui a le feu aux fesses et toute la caserne de pompiers en tête.
Géhèm
link (Verlaine-Brassens)
8 janvier 1896 : mort de Paul Verlaine.
À la fin de sa vie, Paul Verlaine portait tous les stigmates de la sainteté : rhumatisme, cirrhose, gastrite, jaunisse… Bien se garder de préférer la poésie de Verlaine à celle de Mallarmé : l’une est à l’autre ce que l’absinthe est à la camomille.
Il faut admirer chez Verlaine son intransigeance dans le domaine de la correction. Au président de cour qui l’accusait d’être un sodomiste, il rétorqua : On dit sodomite. De quoi élargir le vocabulaire du magistrat, à défaut de lui élargir les idées et le trou du cul.
MALLARMÉ, VERLAINE ET RIMBAUD
Cet Arthur, reins beaux, qui dit que vers l’aine
Le grand Paul Verlaine
N’était au fond pas mal armé,
C’est Arthur Rimbaud qui dit que Verlaine,
Le grand Paul Verlaine,
N’était au fond pas Mallarmé.
Mallarmé, Verlaine eût-il foutu Arthur Rimbaud ?
Géhèm
link (L'enterrement de Verlaine-Brassens)
¤ Z'avez été sages, j'ajoute une image :
C’est devenu un rituel : le 6 janvier, les Rois débarquent dans la crèche. Balthazar apporte l’engrais, Melchior la bouillie bordelaise, et Gaspard les insecticides. Un mauvais plaisant a mis dans l’étable, entre Marie, Joseph, le bœuf et l’âne, un nain de jardin.
Je suis le roi, c’est moi qui ai tiré la fève : je raconte ce que je veux.
Les trois oies qui courent au-devant
De moi
Ont le front bas
Et le plumage blanc.
Du pré fauché s'évapore le parfum
De l'herbe blessée.
Hier, j'avais le nez qui saignait.
Aujourd'hui, j'ai volé au buffet
De la gare
Une barquette de maïs tendre,
Jaune éclatant.
Les troies oies qui courent au-devant
De moi
Me font penser aux invités
Qui, dans le passé, se pressaient
À une fête d’Eddie Barclay.
Géhèm
Bon, je m'en vais de ce pas tirer la reine !
Hier soir je n’étais pas chez moi mais, pour sacrifier à la tradition, j’ai mis mes souliers devant la cheminée et le petit Jésus dans la crèche. Le père Noël est rentré plus tôt que prévu, sa femme m’a fait sauter presto par la fenêtre et mes chaussures sont restées chez eux. En outre, ce matin (ça me désole de devoir le dire), j’ai des démangeaisons suspectes : la tradition, décidément, n’a pas que du bon.
Aujourd’hui, c’est le jour de mettre les petits plats dans les grands : en cadeau, deux textes au lieu d’un. L’ennui c’est que les cadeaux de Noël sont souvent vulgaires… Heureusement, on n’a pas tous les mêmes goûts, n’est-ce pas ?
ET METTRE LE PETIT JÉSUS DANS LA CRÈCHE…
- Il y a presque autant de caractères de santons que de santonniers, cependant le santon de Provence a un standard de taille qui le distingue : il doit mesurer sept centimètres.
- Cela ne le distingue pas tellement ! C’est la mensuration moyenne d’un pénis au repos, s’il faut en croire la statistique. Et un santon en érection, ça mesure combien ?
PRÉMICES DE LA SAINTETÉ (ou naissance d’un pétomane1 ?)
Croyez-moi ou pas, c’est en me recueillant devant la crèche de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris que j’ai connu l’état de grâce. Péter devant le bœuf et l’âne est vraisemblablement banal, mais parvenir à moduler Minuit, Chrétiens… Ah là, pardon ! Comment ne pas y voir un signe ?
1.Pétomane : musicien affligé d’un concert du rectum.
Géhèm
Je plains sincèrement les culs-de-jatte.
Les anges dans nos campagnes
Ont entonné l’hymne joyeux :
C’est la bel-le nuit de No-ël,
La neige é-tend son man-teau blanc,
Et les yeux le-vés vers le ciel,
À ge-noux les pe-tits en-fants…
Crouic, crouic… « Allo, allo…
Un, deux… un, deux…
Un, deux, trois. Ça marche là ?
On demande Gisèle à la caisse trois… »
Pe-tit pa-pa No-ël,
Quand tu des-cen-dras du…
« Je répète :
On demande Gisèle à la caisse trois… »
N’ou-blie pas mon pe-tit sou-lier,
Mais a-vant de par-tir,
Il fau-dra bien te…
« Pas de Noël sans boudin blanc,
Et n’oubliez pas,
Nos dindes vous attendent au rayon volaille…
- Gisèle, mon biquet,
On peut espérer te voir à la caisse trois
Avant la fin du réveillon ?
- Oh, merde ! je peux pas tailler
Des pipes au patron et…
- Ginette, nom de Dieu !
Fermez ce micro… »
Ô dou-ce nuit, ô sain-te nuit…
« Vous avez encore deux heures
Avant la fermeture de votre magasin
Ne laissez pas passer nos promotions
Sur les huîtres et sur les chapons…
On demande un vendeur au rayon des vins… »
Mon beau sa-pin, roi des fo-rêts,
Que j’ai-me ta pa-rrr-ure…
« Sur le parking, notre sélection de sapins,
Un choix exceptionnel à des prix imbattables,
Et au rayon déco, en têtes de gondoles,
Des guirlandes, des boules
Et les dernières nouveautés… »
Oh ! quand j’en-tends chan-ter No-ël…
« Au rayon hifi c’est Noël aussi…
On redemande Gisèle à la caisse trois…
Pour vos charmantes têtes blondes
Tous les jouets du monde
Fabriqués en Chine à des conditions équitables… »
Il est né le di-vi-n en-fant,
Jou-ez haut-bois, ré-son-nez mu-settes,
Il est né le di-vi-n en-fant,
Chan-tons tous son avè-ne-ment…
« Gisèle est réclamée dans le bureau du directeur… »
De-puis plus de qua-tre mil-le ans,
Nous le pro-met-taient les pro-phè-tes,
De-puis plus de qua-tre mil-le ans,
Nous atten-dions cet heu-reux temps…
« Je répète : Gisèle, bureau du directeur…
Mais oui, mesdames, la fête c’est pour vous aussi,
Notre traiteur vous libère de tous soucis
Et vous propose des menus tout prêts,
Jusqu’à la dernière minute… »
Vi-ve le vent, vi-ve le vent,
Vi-ve le vent d’hi-ver…
« Et pour les lendemains de fêtes,
Au rayon conserves, des cassoulets à prix cassé… »
C’est à ce moment-là que j’ai vomi dans mon caddie…
No-ël ! No-ël ! voi-ci le Rédemp-teur…
Peuple, de-bout, chan-te ta dé-li-vran-ce
No-ël ! No-ël ! chan-tons le Rédemp-teur.
Géhèm
Ah, les joyeuses veillées entre amis !
Bien sûr, avant on allumait la cheminée, on s’asseyait autour et la soirée était déjà réussie à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Réunir des amis n’était pas difficile, mais ça ne l’est pas davantage aujourd’hui : il suffit de fermer sa porte, de s’installer dans son meilleur fauteuil, de prendre avec soi son whisky favori et d’allumer son poste de télévision.
C’est même mieux que dans le temps, on zappe et on a là, sans plus d’effort, une tapée de joyeuses andouilles bien décidées à rigoler quels que soient les malheurs du monde. Vous n’aurez pas plus prévenants amis, nul besoin de leur réclamer : « Et ce sketch avec… » ; ils ont pensé à vous l’offrir, et pile poil tel que vous l’entendez trois fois par jour depuis deux mois. Si ce n’est pas de la télépathie !… D’accord, il faudra supporter l’indécrottable boute-en-train, proclamé maître de cérémonie, dont les airs d’imbécillité satisfaite vous horripilent ; consentez-lui votre indulgence : à quoi sert de blâmer l’autosatisfaction d’un ahuri dont vous jugez qu’il n’est pas apte à une satisfaction supérieure ? Allez, on doit avoir un peu de générosité pour ses amis ! Un whisky vous y aidera.
Il y a là aussi quelques imitateurs. Ce ne sont pas les moins marrants mais, en bon ami, vous sentez, dans leur jubilation factice, une souffrance sous-jacente. C’est que l’on trouve malheureusement de plus en plus d’imitateurs assez infatués de leur talent pour se persuader qu’il n’est pas inférieur au talent de ceux qu’ils imitent et qui finissent par s’aigrir de ce que d’autres imitent comme eux leurs modèles plutôt qu’eux-mêmes. Si bons amis qu’ils soient, ne vous tourmentez pas, vous ne changeriez rien à leur cas. Un whisky vous y aidera.
En fait de chanteurs, vous n’avez certes pas de mal à vous convaincre que c’était pire à l’occasion des veillées d’autrefois. Certes, mais rien de plus pénible que cette association d’arrogance, de niaiserie et d’insipidité vocale, qui définit tant de stars fabriquées quand, dans l’univers musical, elles ne tiennent même pas la place qu’occupait, dans le temps, un cure-dents sur la table de Pavarotti. Il convient d’être honnête avec ses amis. Un whisky vous y aidera.
Après un énième whisky, ce ne sera pas raisonnable mais vous n’aurez plus qu’une envie : prendre au plus vite votre voiture pour rejoindre d’autres amis dont vous vous demanderez aussitôt si, autour d’une cheminée, ils vous auraient plus diverti que ceux que vous avez quittés. Alors si, pendant le trajet, de nouveaux amis imprévus, tout empressés à contrôler votre degré d’ébriété, viennent distraire brusquement votre étrange morosité, ne les décevez pas, s’il vous plaît. Un enjouement familier est de mise, n’hésitez pas à claironner en découvrant le panier à salade : « Ce que ça pue là-dedans ! Vous pourriez pas péter un peu pour changer l’air ? » Ce ne seront ensuite que bourrades viriles et grossièretés sans façon, tout ce qu’on imagine pouvoir sceller une robuste camaraderie.
Les seuls inconvénients des veillées entre amis, c’est la gueule de bois qu’on a le lendemain. Et peut-être quelques ecchymoses qui, somme toute, valent mieux que des bleus à l’âme.
Géhèm