Ne nous égarons pas dans les détails décoratifs : je suis un solitaire de bonne compagnie. Faut pas trop me courir sur le haricot, c'est tout !
MAISON ROUGE - Musée des vallées cévenoles* le fait façon Claude Sautet (1) avec Richard Bruston**, Daniel Faure*** et Helmut Krackenberger, du 27 septembre au 29 décembre.
A cette occasion, Helmut vous ouvre la galerie des 18 photos qu'il y exposera.
En quelques lignes, c'est ainsi que la conservatrice le présente dans la plaquette de l'exposition :
Helmut Krackenberger, au cœur des Cévennes ardéchoises
Sarrois d’origine, Helmut Krackenberger décide à l’âge de 21 ans de se consacrer à la photographie après quatre années d’études d’ingénieur. Il s’inscrit à l’École des arts et métiers de Sarrebruck, suit les cours d’Otto Steinert et y acquiert de solides connaissances techniques.
À partir de 1957, il projette de voyager à travers l’Europe. Cette même année, la Sarre est rattachée à l’Allemagne de l’Ouest. Le jeune homme profite de l’occasion pour réaliser les photographies de passeport de villages entiers soudain devenus allemands et finance ainsi son expédition.
Photographe de musées
En 1959, il s’installe à Paris. Dans la capitale française, Helmut Krackenberger, dont les voyages ont nourri le goût pour les œuvres d’art, devient photographe pour la Réunion des musées nationaux. Il travaille pour le Musée du Louvre et le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et réalise les catalogues d’exposition d’artistes comme Giacometti ou Braque. Il devient par la suite photographe pour le château de Versailles puis pour le Musée Fabre de Montpellier en 1965.
L'âme des paysages ardéchois
Il découvre durant cette période les Cévennes ardéchoises et est immédiatement fasciné par le caractère sauvage et mystérieux de ces paysages. Inspiré par la lecture des Lettres de Gourgounel (1966) dans lesquelles le poète et écrivain écossais Kenneth White relate son installation en Ardèche, l’artiste passe son temps libre à photographier. Ses nombreux clichés illustrent avec émotion ses pérégrinations et font l’objet d’une exposition au Parc National des Cévennes dès sa création en 1970. Helmut Krackenberger vit désormais en Ardèche et réalise par sa production photographique un important travail de valorisation du territoire.
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*MAISON ROUGE, l'accueil :
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**Richard Bruston en vidéo :
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***Daniel Faure à travers son site :
Daniel Faure est décédé en septembre 2014 (nombre de ses galeries de photos sont restées en cours d'élaboration). Il fut également un vigneron passionné.
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(1) Amandine, Jules et les autres... La référence au titre de Sautet, Vincent, François, Paul et les autres, n'aura échappé qu'à la toute dernière génération des lecteurs de Pif Gadget, dont je ne suis pas sûr qu'ils soient légion à venir me lire. Un rapprochement qui, pour paraître facile, n'est cependant pas artificiel : à ce monde rural, presque oublié, des Cévennes des années 1960-1980 répond un monde citadin lui aussi finissant, magistralement saisi par la caméra de Claude Sautet dans son film sorti en octobre 74.
J'avais présenté d'Helmut une partie de son parcours assez comparable à ce qu'en relate le catalogue de l'exposition [voir Primeur d'Ardèche].
En contrepoint de ces aspects-là, j'aurais pu m'attarder un peu sur la période des années 80-95 qui le virent éditer en cartes postales les grands noms de la photographie que sont, entre autres, Jeanloup Sieff, David Hamilton, Lucien Clergue, Sam Haskins... Mais j'ai trouvé amusant de le replacer un moment
dans le contexte tellement à l'opposé de ce monde cévenol qu'était le Saint-Germain-des-Près des années 60. De le réinstaller au 60 de la rue de Seine, dans cet hôtel La Louisiane où il habita entre 1959 et 1961, et où se succédèrent au fil des décennies - jusqu'à aujourd'hui - créateurs d'art contemporain, musiciens, cinéastes, écrivains...
Dans le plus grand désordre : Chet Baker, Boris Vian, Miles Davis et Juliette Greco, Jim Morrison, Henry Miller, Ernest Hemingway, Saint-Exupéry, Quentin Tarantino... Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir y vécurent entre juillet 43 et fin 46. L'écrivain égyptien Albert Cossery pendant 63 ans.
Tant et tant d'autres, dont les plus grands jazzmen américains, au point que Bertrand Tavernier choisit La Louisiane pour décor de son film Autour de minuit (1986).
Le voici donc au dernier étage sous les toits, dans sa chambre équipée d'une petite cuisine, dont un côté donne sur la rue de Seine et l'autre sur la rue de Buci. Ayant pour voisin de palier un des plus célèbres photographes américains de l'époque : Arthur Fellig, alias Weegee the Famous... (dont photo ci-dessus, avec sa Chevrolet-studio).
Une personnalité originale, tout à fait hors norme, que ce Weegee qui se trouve être dans ces années-là le correspondant de Time Life pour l'Europe et occupe quatre chambres ici, dont une lui sert de chambre
noire. De son parcours hors des sentiers bat-tus, l'article que Wikipédia lui consacre rend compte assez fidèlement (quoique un peu sa-gement et avec beaucoup de lacunes).
Un précurseur, en bien des points, de nos paparazzis modernes, et un tempérament en tout différent de notre encore tout jeune ami Helmut qui va recevoir pendant un an et demi ses encouragements, ses conseils ainsi que de nombreuses confidences professionnelles (dont certaines pendables). Et qui en reste, aujourd'hui encore, profondément marqué, on le comprendra.
Partage, pendant des nuits entières, de séan-ces labo au cours desquelles Weegee initie Helmut - bien avant Photoshop - aux distorsions dans lesquelles il est passé maître, des années plus tôt (ainsi qu'en témoigne la photo ci-contre où l'on devine Grace Kelly et Marlon Brando lors de la cérémonie des Oscars de 1954).
...Je ne me lasserais pas du regard souvent ironique que Weegee porte sur le monde, mais pour vous éviter d'y passer des heures :
- Weegee sur Wikipédia.
- Une fort intéressante conférence d'Eddie Muller sur l'Art et l'Héritage de Weegee.
- La bande annonce du film de Sherman Price : L'improbable Mr Weegee (1966).