Ne nous égarons pas dans les détails décoratifs : je suis un solitaire de bonne compagnie. Faut pas trop me courir sur le haricot, c'est tout !

Bernard Vincent, peintre plasticien (2)

 

 

Baps-GUEULE-2« L’œil était dans la pierre… et regardait Bernard Vincent », ainsi France Renucci titrait-elle l’article qu’elle consacra à l’ami Bernard dans le n°41 Printemps 2004 des Ecrits de l’Image *, dont il faisait également la Une.

 

Dix pages (textes et photos) consacrées à ses  Gueules de pierre  **, mais aussi à ses années-théâtre avec Roger Planchon et Jean Dasté, à sa carrière d’illustrateur, au tournant pictural des premières années ardéchoises et à l’évolution de sa palette technique jusqu’aux Collatures dont il avait déjà commencé la série.

 

 

  September eleven concluait en pleine page cet hommage artistique. L’attentat contre les tours du World Trade Center, bien sûr : « …je pensais surtout aux êtres pris dans ce drame, ensevelis sans qu’on sache rien d’eux, disparus. Je me suis mis à découper des portraits de gens anonymes dans les quotidiens, qui me faisaient penser précisément à l’anonymat de toutes ces victimes – pompiers, infirmiers bénévoles, dont les visages étaient affichés sur les murs pour qu’ils puissent être identifiés. Je les ai assemblés, collés (il y a trois mille visages dans mon tableau), en pensant à toutes ces victimes, englouties, écrasées, anéanties par cette masse de béton et d’acier. »

 

Baps-September eleven

September eleven (81x130) 

 

Les Ecrits de l’Image *

Revue fondée en 1993 par Jacques Chancel.

 

Gueules de pierre**

Photos de Bernard Vincent & textes de Jean-Jacques Salgon

Éditions du Chassel. 135 pages

 

« L’idée est originale, le livre est beau, la mise en page efficace. D’un côté, se détachant sur un fond noir intense, des images de roches à visage humain. Des "gueules de pierre" qu’a surpris(…)Bernard Vincent, au hasard de ses balades dans la vallée de l’Ibie, entre monts de Berg et gorges de l’Ardèche. Une vallée large, caillouteuse, aux rives remontant des coteaux calcaires. Un décor osseux, quasi désertique : une rivière souvent à sec, des éboulis, des blocs de calcaire maltraités par l’érosion et sculptés par le temps. Ce qui fait que, le matin, quand le soleil est rasant, et projette ses ombres avec une étonnante netteté, on peut parfois voir se dessiner, parmi toutes ces pierres, un visage "un visage qui va changer dans l’instant suivant" mais dont Bernard Vincent a déjà tiré le portrait.

C’est alors qu’intervient Jean-Jacques Salgon, l’écrivain. Après avoir sélectionné, parmi des centaines, une cinquantaine de clichés, il a imaginé leur donner la parole.

À ces revenants qui "hantent le corps passif de la roche", il a prêté l’oreille, décryptant leur langue, leur imaginant des pensées ou un destin. S’inspirant d’une ressemblance, des formes, de l’histoire, il s’est fait leur messager, leur confident. Le résultat est à la fois cocasse et singulier, puisque s’y mêlent maçon et mathématicien, clown et guerrier, poète et psychiatre, bagnard et balafré, tout aussi bien qu’Alfred Hitchcock, Marguerite Yourcenar, le duc de Richelieu, et même le futur premier président des Etats-Unis d’Asie et d’Amérique, un homme nourri de culture chinoise, parlant quatorze langues, et "ayant bâti son programme politique sur les cinq vertus confucéennes : la bonté, la droiture, la bienséance, la sagesse et la loyauté". Un livre plein d’humour et d’images drôles, finissant par proposer à son lecteur dix "gueules" dont il est chargé d’imaginer qui elles sont… »  Richard Blin

 

J'ai revu avec la même fascination ce fantastique September eleven que j'avais découvert en 2002, et avec un égal plaisir la série de tirages originaux des Gueules de pierre qui accompagne l'exposition.

 

A voir, je le rappelle, à l'Hôtel de Malmazet (07170 Villeneuve-de-Berg) jusqu'au 28 août.

 

 

Bernard Vincent en quelques dates :

 

Les années 50-60 : Après une solide formation à l'art dramatique, entrée à la Comédie de Saint-Etienne chez Jean Dasté où il restera jusqu'en 1957, avant d'être engagé à Lyon chez Planchon avec lequel il crée en 1958 Les Trois Mousquetaires. Et ce sera Hamlet (par quoi j'avais commencé mon premier article), auprès de Jean-Louis Trintignant, qui conduira la troupe en tournée jusqu'en 1960.

Il n'est pas superflu de signaler les deux missions archéologiques accompagnées à Mari (Syrie) sous la direction d'André Parot, alors directeur des Antiquités orientales du Louvre, dans les années 53-54.

Les années 60-90 : Bernard se consacre tout entier à l'illustration pour la presse, l'édition et la publicité. Dans cette période, ce sont plusieurs participations, à Paris, au Salon des Illustrateurs (dont il crée la première affiche) et aux expositions "Figuration critique" du Grand Palais. Je n'énumèrerai pas prix, sélections et galeries qui mettent en avant la qualité de son travail.

Depuis 1990 : Bernard, définitivement installé en Ardèche méridionale, peut s'adonner à plein temps à ses recherches plastiques qui, toutes, sont empreintes des choix ayant marqué son parcours. Interrogation de notre condition et des signes qui nous entourent. Précision et élégance de son travail. A quoi s'ajoute fréquemment un côté pince-sans-rire, so british, qui me le rend d'autant plus cher.

 

"Proposer sans montrer et suggérer sans démontrer"

pourrait bien être le maître-mot de sa démarche.

 

 Nous en verrons deux exemples demain avec  

Bernard Vincent (3), L'ALPHABAPS

&

Bernard Vincent (4), "Vernissage" 

¤

De nombreux articles associés à Bernard Vincent.

Taper bernard vincent baps dans le module Recherche (haut du blog, à droite). 

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P
C'est magnifique. Sous le choc de l'émotion procurée par cette oeuvre.
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G
Dans son format original, elle est vraiment saisissante.<br /> ...La photo ne lui rend pas exactement hommage.
P
<br /> Un grand grand Monsieur ! que j'ai la chance de croiser et d'apprécier de temps en temps ...<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> "Un grand grand Monsieur" : n'ayons pas peur des mots, autant dire un double Maître. <br /> <br /> <br /> <br />