La réponse est OUI.
À preuve, la copie retrouvée d'un examen d'Histoire à blanc proposé par notre prof, une jeune et jolie rousse, bienveillante de surcroît, quelques semaines avant mon bac de Philo.
Pourquoi ce souvenir qui remonte à Hérode ? Pour encourager les jeunes cons qui vont plancher demain sur l'épreuve de philo. Le bac, je l'ai eu : ce n'est pas la mer à boire !
Sujet : La France sous le régime de Vichy.
Le devoir tient en une demi-page :
(Un réveil dessiné, en guise d'introduction, indique 10h20. Un autre réveil clôture le « travail » : il indique 10h45.)
Traiter de ce régime déplorable juste avant d’aller déjeuner ! N’est-il pas temps de tourner la page ? Je soumets la question à l’heureuse minorité appelée à me lire.
Quelques considérations littéraires apéritives nous mèneront vers des horizons plus riants :
Qui Ubu boiroi (Alfred Jarry)
La peste soit de Camus ! (Anonyme étranger)
Œil pour œil, lard pour lard (Théophile Gautier)
Pour terminer, régime ou pas, n’oublions pas que les tsars dînent à l’huile.
Et maintenant que Dieu nous sauve, la reine… et moi !
Corrigé :
Ne pouvez-vous faire mieux que ce calembour douteux ? (Les tsars dînent à l’huile)
Lire le corrigé au verso.
1/ L’« heureuse minorité » à laquelle vous me faites l’honneur de participer se permet quelque étonnement : Que vient faire Camus dans cette galère ? Entre Jarry et Gautier ! Vous n’y pensez pas ?
2/ L’« heureuse minorité », toujours elle, se permet encore un conseil. Ne présumez pas trop du sens de l’humour du corps professoral. Il peut avoir des limites bien qu’il se soit manifesté jusqu’à ce jour dans la quasi unanimité pour apprécier vos qualités de fantasque et de poésie et vos talents de dessinateur.
3/ Je suppose que votre vœu, conclusion de votre œuvre brève, est exaucé et que les quelques phrases, appréciation de valeur, à peine moralisatrice vous me le concèderez, sont en deçà de ce que vous avez cru un instant risquer. Vous le devez peut-être à votre audace (à ce propos relisez la belle exhortation de Danton) ou à votre fantaisie. Mais n’oubliez pas que trop d’audace mène à l’échafaud, et que la fantaisie n’est pas en général la qualité première d’un examinateur.
N’oubliez pas non plus, il me faut insister, la vocation de professeur comportant des devoirs, que nous ne sommes pas ici pour juger de vos dons littéraires ou artistiques, et qu’un conseil de classe ne peut pas se transformer en jury de prix Goncourt.
Curieux écho du conseil de classe en question :
Notre prof de gym y prophétisa, à ce qu'on m'en a rapporté, que mes dispositions me feraient finir en prison. Mens sana in corpore sano : c'était chez lui le résultat d'une trop longue pratique du football.
Je ne suis pas encore passé par la case PRISON.
Euh... par la case GONCOURT non plus !