Ne nous égarons pas dans les détails décoratifs : je suis un solitaire de bonne compagnie. Faut pas trop me courir sur le haricot, c'est tout !
Par Géhèm
(Roumanie, 1914 - ?)
Je doute qu'elle vive encore. Je sais si peu de choses d'elle.
C'était un été du début des années 70, elle est venue à ma rencontre avec son carton à dessin. Elle était accompagnée d'une amie de son âge, dont je n'ai pas gardé l'image. D'elle, me reste le souvenir flou d'une petite femme brune, négligée et inquiète. De l'heure ou de l'heure et demie passée à se parler à fil décousu, des bribes. Du contenu de son carton, la mémoire plus nette des nombreuses études à la mine de plomb et au stylo à bille, ainsi que des photos de plusieurs de ses toiles acquises par des musées américains. Elle avait une nécessité urgente d'argent. Mon intérêt sincère pour son travail l'a progressivement apaisée, éclairée, animée. Je ne serais plus sûr des peintres de sa génération, qu'elle connaissait personnellement, sur lesquels nous avons échangé nos impressions, mais peu d'entre eux semblaient trouver grâce à ses yeux. C'est curieux, ce qui s'est profondément imprimé en moi était la détestation quasi viscérale qu'elle vouait à André Masson...
Sur le net, du moins en accès libre, je n'ai trouvé à propos d'elle qu'une misère.
Quelques lignes, l'ébauchant à peine, sur le site de la Camargo Foundation (découvrir la fondation et la personnalité de Jerome Hill [1905-1972]). En tout et pour tout, tous sites confondus, quatre toiles...


CITY VIEW, huile sur toile, 1934

LANDSCAPE (Cassis), huile sur toile, 1940

STUDIO CORNER (Paris), huile sur toile, 1952
Peut-être Fanfan, si férue de peinture féminine et de musique, pourra-t-elle m'offrir un supplément d'information ?
Pour ma part, j'avais choisi dans le carton une demi-douzaine de dessins qu'elle a tenu à arrondir à la dizaine. J'aime le dynamisme de son trait, et c'est très arbitrairement que j'en ai retenu cinq ici.





Avant de nous quitter, elle a voulu me laisser un témoignage plus personnel de notre rencontre en faisant de moi un rapide portrait au stylo à bille. Pour la petite histoire, je portais ce jour-là un sweat-shirt University of CALIFORNIA et un pull d'été jeté sur les épaules. Je l'entends encore me dire : je n'ai vu que le mot OR...
Il est des gens, que j'ai été forcé de fréquenter des années durant, qui m'ont laissé moins de souvenirs qu'elle.

J'ai retrouvé une photo de cette période où j'ai eu envie de porter la barbe. Cela n'a pas duré bien longtemps
.

Où que vous soyez aujourd'hui, Jeanne, que cette musique vous accompagne.
¤ En remplacement de la précédente version disparue du Poème Roumain de Georges Enesco, la version donnée par le Romanian Broadcasting Orchestra sous la direction de Iosif Conta :
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